Mon atelier de peintre

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ANALYSE DU TABLEAU : LE RADEAU DE LA MEDUSE

ANALYSE D'UN TABLEAU : "Le radeau de la Méduse" de Géricault 

 

 

 

Théodore Géricault (1791-1824), commence l'apprentissage de la peinture à 15 ans.

A 25 ans, il part en Italie et découvre les oeuvres de Michel-Ange.

Déçu par l'accueil fait à son tableau "Le radeau de la Méduse", il part en Angleterre et peint des paysages et des chevaux.

Il meurt en 1824 à 33 ans.

 

Le "Radeau de la Méduse" tableau immense de 5m de hauteur sur 7m de largeur, peint en 1818 relate un fait historique et dramatique :

 

En juin 1816, la "Méduse" frégate de 44 canons quitte l'île d'Aix sous les ordres du comte de Chaumareix, envoyé par Louis XVIII pour reprendre le Sénégal, restitué à la France par l'Angleterre après le traité de Vienne de 1815.

Le 2 juillet, le bateau s'échoue. Le commandant fait construire à la hâte un radeau de 20 m sur 7 m, sans rames.

150 personnes vont s'entasser sur ce radeau avec des biscuits et du vin pour seuls vivres.

Les gradés s'installent dans des chaloupes. 17 personnes sont abandonnées sur la "Méduse", 3 hommes seront retrouvés vivants et à moitié fous, 52 jours plus tard.

Ce radeau devait être tiré par des cordages derrière les canots de sauvetage, mais les amarres seront coupées, laissant ainsi ce radeau dériver sur la mer...

Certains naufragés meurent noyés, d'autres devenus ivres ou fous s'entre-tuent, mangent des cadavres.

10 hommes pourront être récupérés par un bateau et réanimés.

Deux survivants, le chirurgien Savigny et l'ingénieur Corréard publient un article qui défraye la chronique.

Géricault rencontre les rescapés et défend leur cause, car la presse les accuse d'antropophagie...

 

Ce drame provoquera une crise politique qui opposera libéraux et royalistes. Le Régime fut accusé d'avoir privilégié les cadres de l'Ancien Régime aux dépens de tout souci de sécurité.

 

Géricault décide de peindre un tableau de cet événement.

 

 

 

Géricault va à l'hôpital Beaujon, il étudie les visages des agonisants, les cadavres et les corps amputés.

Cherchant la vérité de la souffrance et la force d'expression. Il rêve d'un grand projet à la manière de Michel-Ange. Il fait poser Delacroix pour son tableau.

Pour peindre la mer et le ciel, il part au Havre.

 

Le tableau est peint avec des tons sourds, jeux de lumière qui créent une atmosphère orageuse.

Sur le radeau mis en perspective, les corps composent une pyramide. Les grandes lignes convergent vers un point.

Delacroix est peint devant, face contre le radeau et le bras gauche tendu.

Certains hommes sont morts, d'autres agonisent.

La scène reste académique, nus classiques, mais les chairs ont la teinte verdâtre et blafarde.

Le bitume utilisé pour assombrir les tons, menace aujourd'hui d'abimer les couleurs.

L'emploi également de plomb dans la composition de la peinture fait qu'au contact de l'air, la toile noircit et dans quelques années elle ne sera sans doute plus visible.

 

Géricault a réalisé 49 esquisses pour son tableau, pour la composition et de nombreux croquis.

 

 

 

 

 

 

 

ANALYSE DU TABLEAU

 

 

 

Il est divisé selon la règle des trois tiers (lignes B et ligne C)

 

Pyramide A (des morts et des désespérés)

 

Pyramide D (des hommes qui sont portés par l'espoir : la croix montre un bateau au loin)

 

Le radeau occupe le premier plan.

 

Tout en haut de la pyramide sous le D, l'homme est un noir.

Cela a beaucoup choqué à l'époque, que l'homme qui agite un tissu et qui porte les derniers espoirs d'être aperçu et sauvé par un bateau, soit un homme de couleur.

 

On retrouve dans ce tableau les idées humanistes de Géricault.

Si on regarde attentivement cette peinture, on peut voir que tous les hommes se touchent par un endroit ou un autre. Les hommes sont égaux entre eux, dans le bonheur mais aussi dans le malheur.

Les critiques furent vives lors du Salon de 1819 : dégoût pour ces amas de cadavres, promotion du nègre, scandale esthétique...

 

Les jeunes peintres en revanche, s'enthousiasment comme Delacroix : "Quelles mains! Quelles têtes! Je ne puis exprimer l'admiration qu'il m'inspire!".

 

A tel point que Delacroix dans son tableau "La liberté guidant le peuple" peint en 1830, reprendra la composition pyramidale de Géricault et le traitement pictural des cadavres du premier plan.

 

 

 

Dans l'article précédent sur la composition d'un tableau, j'évoquais le fait qu'une peinture peut choquer ou témoigner et que les peintres ont souvent essayé de faire passer leurs aspirations et leurs idéaux dans leurs tableaux.

La fameuse peinture de Picasso "Guernica", réalisée suite au bombardement de la ville, représente une scène de violence, de douleur et de mort. La toile exprime la colère et l'horreur. Les couleurs sont limitées et sombres.

Pour la petite histoire dans la grande Histoire : Picasso reçut la visite d'Otto Abetz, ambassadeur nazi, ce dernier lui aurait demandé à propos de son tableau : "C'est vous qui avez fait cela? Picasso aurait répondu "Non...Vous!

 

 

 

Donc essayons d'aller plus loin dans la démarche de regarder et analyser ce qui est peint, cela peut s'avérer très intéressant.

Même si la peinture ne nous plait pas forcément elle nous "explique" quelque chose.

La force de la construction va renforcer le sujet ainsi que les couleurs utilisées.

Rien n'est laissé au hasard pour saisir l'oeil du spectateur et le faire réfléchir sur ce qu'il regarde.



15/08/2012
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