LE BROYEUR DE COULEURS
Au coeur de l'atelier médiéval du peintre, l'apprenti est, soit un jeune futur peintre qui va commencer par l'étude du dessin , soit un apprenti simple mais les deux apprendront le savoir pour créer les couleurs.
Ce temps d'apprentissage durera de plusieurs mois à plusieurs années.
Cela suppose que l'apprenti soit instruit pour écrire en latin les différentes recettes.
La tâche de l'apprenti est difficile et demande de la force physique car il va devoir broyer des pierres sur une plaque de marbre ou de porphyre pour produire une poudre fine : la couleur.
Ce travail de broyage dure des heures...
Certaines pierres seront écrasées dans des mortiers de bronze pour obtenir les pigments.
Les poudres de couleurs sont posées dans des coquilles.
Toute la chaine de création des pigments demande un travail long et dangereux car l'apprenti manipule des produits toxiques comme le mercure, le souffre, le plomb, la céruse, le vert-de-gris ou l'arsenic.
Un rapport fut présenté à l'Académie Royale des Sciences de Paris sur le danger du travail de broyeur de couleurs.
Les pierres qui vont donner des couleurs :
Le sulfure de mercure ou cinabre qui donnera par broyage : le vermillon
Le lapis-lazuli qui donnera par broyage : le bleu outremer
La malachite
L'orpiment : trisulfure d'arsenic (très toxique)
Le smalt (silicate de potassium) qui donnera : le bleu de cobalt
Le réalgar bisulfure d'arsenic (très toxique)
Bien d'autres pierres encore ont servi la gamme des couleurs.
La couleur la plus difficile à obtenir : le noir (souvent du à la calcination d'os)
D'où l'expression : "Broyer du noir"...
Il fallait broyer mais aussi broyer "juste" car si les grains des pigments obtenus devenaient trop fins, la couleur, elle, devenait plus claire.
Beaucoup plus tard, le broyeur de couleurs disposera d'une petite pièce à part, souvent avec une fenêtre pour fabriquer les couleurs.
Une relation fusionnelle entre le peintre et le broyeur de couleurs.
Trouver les couleurs par les dosages les plus appropriés.
De vraies recettes dont les ingrédients étaient pesés, analysés et assemblés
Secrets gardés par les maîtres...
On peut mesurer le travail énorme et dangereux de ces broyeurs de couleurs qui ont permis aux grands peintres la réalisation de leurs chefs-d'oeuvre.
Vous ne regarderez plus comme avant ces toiles colorées d'antan...
Vous aurez une pensée pour le compagnon indispensable du peintre : Le broyeur de couleurs.
Avec le progrès et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les couleurs seront vendues séchées sous la forme de pâte, pains, pastilles que le peintre va broyer le plus finement possible puis mélanger à un liant.
Petites quantités de couleurs vendues très chères dans des vessies de porc pour éviter qu'elles ne sèchent.
Julien TANGUY (1825-1894) va jouer un grand rôle dans l'histoire de l'impressionnisme.
En 1860, il quitte Saint-Brieuc pour Paris et devient broyeur de couleurs, puis marchand de couleurs rue de Clauzel.
Il monte un commerce ambulant sur Barbizon et Argenteuil (endroits très prisés par les peintres impressionnistes) et vend également leurs tableaux.
Il comptera parmi ses clients : Pissaro, Monet, Renoir, Gauguin...
Le "Père Tanguy" peint par Vincent van Gogh
Comme il est simple de nos jours de presser un tube de peinture pour en sortir la couleur....
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