ANALYSE D'UN TABLEAU...TRES SURPRENANT...
Le tableau dans les couleurs d'origine :
Une scène de genre. Pour lire mon article sur ce sujet : clic ici
Deux femmes assises qui brodent et une petite fille qui joue.
Une perspective avec des lignes de fuite qui se rejoignent sur un point de fuite : la fenêtre
La lumière vient de cette fenêtre et se pose sur différents objets de la cuisine : reflets sur les casseroles, le torchon...
Les couleurs : différents marrons dans une unité de couleurs. Un tissu orange, le vert des arbres.
Ces deux complémentaires associées ne nuisent pas à l'ensemble elles intensifient la lumière dans ce camaïeu de bruns.
Un côté intimiste, un peu comme dans les tableaux hollandais.
Une impression de quiétude dans une pièce qui n'est pas seulement une cuisine mais une pièce à vivre.
La femme du premier plan tourne la tête vers le spectateur sans paraitre dérangée par son regard.
Le peintre de ce tableau : "Intérieur d'une cuisine" Martin DRÖLLING (1752-1817) Français
Il part de Strasbourg pour entrer aux Beaux-Arts à Paris.
Veuf, il se remarie avec la fille d'un marchand de couleurs et il devient l'assistant pour la peinture d'objets d'Elisabeth Vigée le Brun qui réalisera de nombreux portraits de la reine Marie-Antoinette.
Une première originalité :
Martin Drölling comme d'autres peintres de son époque, va utiliser le brun égyptien appelé aussi le "brun momie" dans ses tableaux.
Ce pigment brun-rouge, entre l'ombre naturelle et l'ombre brûlée à tendance violacée (un peu comme le sépia) provient de momies égyptiennes...réduites en...poudre.
Ce trafic de momies a commencé au Moyen-Âge : les apothicaires utilisaient cette "Mumia" qui était censée soigner les aigreurs d'estomac, les problèmes de sang...
Charles V et François 1er portaient sur eux cette poudre de momie dans des petits sachets pour se protéger des maux courants.
Les fabricants de couleurs arrêtèrent de fabriquer ce pigment à partir de 1925, faute de matière première : les momies ! Tant les tombeaux furent pillés...
Une deuxième originalité :
En pleine période de la Révolution française en 1791, dans la chapelle Sainte-Anne du Val-de-Grâce à Paris, se trouvent les reliquaires contenant les coeurs momifiés des défunts de la famille royale française.
Le dénommé Louis-François Petit-Radel va revendre à certains peintres et à prix d'or, les coeurs momifiés pour réaliser ce pigment brun-rouge très prisé.
Martin Drölling a ainsi acquit 45 coeurs momifiés...
Il a peint "Intérieur d'une salle à manger" dans le même esprit de perspective sur une fenêtre que son "Intérieur de cuisine".
Cette couleur marron-rouge appliquée sur ces deux tableaux provient de momies égyptiennes et de coeurs royaux...réduits en poudre et donc en pigments pour ses peintures...
Etonnant n'est-ce-pas...?
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