UNE FEMME, UN SIECLE : XIXème siècle par ALPHONSINE (CHAPITRE 1 ET 2)
Dans cette rubrique : "UNE FEMME, UN SIECLE", j'ai imaginé une héroïne et ses propos, mais toutes les personnes, sujets et anecdotes qui apparaissent dans ce récit, sont réels.
BIENVENUE DANS LE XIXe SIECLE D'ALPHONSINE
CHAPITRE 1 :
Je m'appelle Alphonsine et j'habite avec mes parents à Paris.
Ma mère voulait m'appeler Rose-Alphonsine, mais à l'idée de choquer son entourage elle supprima le "Rose".
En effet, une des courtisanes les plus en vue de la capitale, s'appelait Rose-Alphonsine Plessis, dite Marie Duplessis, née le 15 janvier 1824.
Quel destin que le sien ! Après une enfance d'une extrême pauvreté, elle monte à Paris à 15 ans et travaille comme blanchisseuse et chapelière.
Sa beauté inhabituelle séduit un riche commerçant qui en fait sa maîtresse et l'installe dans ses meubles.
Elle apprendra à lire, écrire et jouer du piano. Sa finesse d'esprit et son intelligence lui permettront de tenir un salon fréquenté par les plus en vue des écrivains et politiciens
Alexandre Dumas-fils a entretenu une liaison avec elle pendant deux ans.
Voilà comment il décrit Marie :
"Grande, très mince, noire de cheveux, rose et blanche de visage. Elle avait de longs yeux d'émail comme une japonaise, les lèvres du rouge des cerises, on eut dit une figurine de Saxe."
Hélas ! Marie est atteinte de tuberculose, maladie incurable.
Elle mourra à 23 ans le 3 février 1847.
Alexandre Dumas-fils écrira un roman sur sa liaison avec Marie : "La dame aux camélias".
Dans ce livre, Marie Duplessis sera Marguerite Gautier et son amant s'appellera Armand Duval .
(A D les initiales d'Alexandre Dumas)
La vie d'une courtisane, admirée de tous dans les fêtes mondaines. Puis l'amour fou pour un jeune homme dans les bras duquel elle mourra de sa maladie.
Verdi a repris cette histoire et composé un opéra : "La Traviata" en 1853 qui sera un énorme succès avec Violetta (pour Marie Duplessis) et son amour Alfredo Germont.
"Nous sommes allés à l'Opéra assister à la Traviata. Quel romantisme ! Quelle musique ! Quelle émotion pour nous quand la cantatrice a chanté la mort de Violetta dans les bras du seul amour de sa vie...
Au retour, nous sommes passés au cimetière de Montmartre et nous avons déposé une rose rouge sur la tombe de Marie.
Marie Duplessis aimait les roses et les violettes, pas les camélias...
Demain, nous avons rendez-vous maman et moi chez notre couturière.
J'ai hâte de découvrir les nouveaux tissus qui viennent d'arriver et parait-t-il une nouveauté incroyable !
CHAPITRE 2 :
"La mode change très vite à Paris...
Nous avions porté jusqu'à six à sept jupons sous nos robes à crinoline, puis les cerceaux furent cousus dans le tissu.
Sur le plan pratique, c'était beaucoup plus confortable pour marcher, car ces nombreux jupons entravaient nos mouvements et nous pouvions alors remuer nos jambes sous cette "cage"...
Nos amies nous ont rapporté que d'après les docteurs éminents de la faculté, les crinolines étant de plus en plus grandes, la distance entre les personnes a elle aussi augmenté et a permis ainsi de réduire la propagation des maladies, telles que la tuberculose, la grippe ou la rougeole.
Sans compter que ces métrages énormes de tissu ont permis de relancer l'industrie textile française.
Puis la "Crinolette" est arrivée, une demi-crinoline sur l'arrière de nos robes :
Je découvre aujourd'hui une incroyable nouveauté !
La "Tournure" ou "Faux-cul" vient d'être inventée, afin d'accentuer la chute de rein.
Le devant de la robe est plat (adieu les cages...) tout se passe sur l'arrière. Une coque rebondie, articulée par des cerceaux appelée "Queue d'écrevisse".
Les cerceaux rigides ont une mobilité d'accordéon et se relèvent sur le dos de la chaise lorsque l'on s'assoit.
Un autre modèle :
Grâce à cette "Tournure" la robe se termine sur l'arrière par une traine ravissante avec ses plis savamment arrangés et de jolis noeuds de finition :
Je viens de découvrir dans une galerie de peinture du boulevard des Capucines, ce tableau de James Tissot qui a peint cette jolie femme et sa robe à "Tournure".
Je suis allée acheter au kiosque le "Journal des demoiselles" avec des modèles à coudre.
Je l'enverrai dès demain à ma cousine de Bretagne qui sera ainsi au fait de cette nouvelle mode parisienne et pourra impressionner sa couturière...
J'ai reçu mon exemplaire du même journal et j'ai trouvé des chaussures et des chapeaux qui me plaisent beaucoup.
Maman m'a promis d'aller chez la célèbre Madame Aubert, la chapelière, pour assortir les chapeaux avec nos robes.
Surtout, il faut que je note de me racheter des épingles à chapeaux...
Au début, ces épingles étaient fort chères car fabriquées à la main. Il paraît qu'en Angleterre, le Parlement avait voté une loi qui n'autorisait la vente de ces épingles que deux jours par an : le 1er et le 2 janvier. Cela s'appelait la "Pin money" car les femmes économisaient toute l'année pour pouvoir s'en offrir une durant ces deux jours autorisés.
Bienheureux Monsieur Wriglet, Américain, qui a inventé une machine pour les produire en série car désormais la France en fournit à des prix raisonnables.
Il y en a de si belles...
Certains théâtres et tramways nous refusent l'entrée, car ces épingles à pointe d'une taille entre 15 et 30 cm peuvent blesser un voisin.
Nous sommes obligées de mettre un petit capuchon protecteur sur le bout pointu pour pouvoir accéder aux soirées ou aux sorties.
Quand je dois me rendre seule à mon cours de piano, maman est rassurée car les épingles qui fixent mon chapeau sur mes cheveux peuvent m'aider à me défendre : une "arme" qui fait peur à l'agresseur :
Je continuerai mon bavardage avec vous demain pour vous parler de mes produits de beauté et d'une nouveauté qui fait fureur...
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