UNE FEMME, UN SIECLE : XVIIIe siècle par ROSINE
Dans cette rubrique : « Une femme, un siècle » j’ai imaginé l’héroïne et ses propos mais toutes les personnes, sujets et anecdotes qui apparaissent dans ce récit sont réels.
BIENVENUE DANS LE XVIIIe SIECLE DE ROSINE
"Ma chère maman, cette lettre pour vous annoncer que je suis désormais attachée au service des robes de notre reine Marie-Antoinette.
Mes yeux se brouillent devant tant de beauté autour de moi à Versailles...
J'ai tellement de choses à vous raconter sur mon quotidien et les toilettes des dames de la cour.
Vous qui êtes toujours au grand air de notre campagne normande, vous ne pouvez imaginer comme ici le teint des dames est blafard.
C'est la mode ! Elles vont jusqu'à consommer de l'arsenic et du plomb pour se blanchir davantage quitte à y laisser la vie.
Les dames se fardent les pommettes de rose, voire de rouge, ce qui attire l'oeil et évite ainsi de porter l'attention sur leurs dents qui sont souvent en très mauvais état.
J'ai croisé le parfumeur attitré de la reine : Jean-Louis Fargeon.
La reine aime surtout les essences pures comme la rose, la violette ou le jasmin.
Un jour elle lui a demandé de créer un parfum à l'image de son Trianon.
Ce fut une fragrance fleurie-sucrée à base de fleur d'oranger, lavande, bergamote, iris, musc et vanille, qu'il intitula "Parfum de Trianon.
Monsieur Fargeon lui fournit également des pommades parfumées au jasmin et va jusqu'à parfumer les roses en tissu qui ornent ses robes.
La reine ne sort jamais sans ses gants parfumés au jasmin et aux oeillets.
Ma chère maman, vous seriez ébahie devant les créations du coiffeur de la reine :
Léonard-Alexis Autier dit "Léonard"
Des coiffures hautes de deux pieds (60 cm) à un mètre, avec un poids de cinq kilos : elles sont appelées "Les poufs".
Sur la chevelure remontée très haut grâce à de longues épingles, Léonard confectionne une carcasse avec des fils de fer, de la gaze, des faux-cheveux et des rubans.
Il ajoute aussi des accessoires hétéroclites.
On peut voir des poufs avec des paniers de fruits ou des corbeilles de fleurs.
Une coiffure portée par la reine et inventée par Léonard, "A la belle poule" allusion au combat du 17 juin 1778 qui consacra la première victoire d'un navire français sur la marine anglaise au large de Brest :
Vu la taille des poufs, l'entrée et la sortie des dames dans leur carrosse, les obligent à se plier en deux ou entrer à genou...
Ces perruques étant très chères, 50 000 à 65 000 livres, les dames conservent leur coiffure sur la tête une semaine ou deux y compris la nuit.
Deux ou trois oreillers sont nécessaires pour maintenir la tête droite et la position est très inconfortable.
Les cheveux sont couverts d'une pommade à partir de graisse animale et de farine de blé.
Cette graisse devient rance au bout d'un moment et attire la vermine.
Il faut donc défaire l'ensemble, laver les cheveux et recommencer la coiffure.
Les caricaturistes s'en donnent à coeur joie :
La mode jusqu'à maintenant était aux robes à panier. Mode venue de la cour d'Espagne.
L'ampleur de ces paniers pouvaient atteindre plusieurs pieds de large de chaque côté parfois 4 mètres de droite à gauche :
"L'infante Maria Marguerita" par Diego Velasquez (1599-1660) Espagnol
"Portrait de l'archiduchesse Marie-Caroline" par Martin van Meytens (1695-1770) Suédois
Portrait de la reine Marie-Antoinette par Elisabeth Vigée Le Brun
J'ai assisté à la présentation des nouveaux tissus pour les robes par Rose Bertin, la couturière de la reine.
Cette femme est incroyable, on l'appelle la "Ministre de la mode".
Elle est montée à Paris de sa Picardie natale et a travaillé comme modiste.
Un sens des affaires qui lui a permis d'ouvrir son magasin "Le grand Mogol" rue du Faubourg Saint Honoré.
Dans un premier temps elle va proposer à la reine des habits de cour lourds et richement ornés :
Puis des robes à l'anglaise :
Et enfin des robes à la "Polonaise" en étoffes plus légères :
Dans les années 1780, comprenant le désir de simplicité de la reine, elle suggère des robes plus simples, champêtres, en mousseline, sans tournure qui s'accorderont avec l'environnement de Trianon.
Robes faites d'un seul tenant et sans baleines :
Notre reine mange peu, elle a un appétit d'oiseau...
En revanche, il y a une pâtisserie qu'elle affectionne : le croissant qu'elle déguste le matin avec un chocolat.
Il fut inventé à Vienne au XVIIe siècle.
Vienne, la capitale du Saint-Empire romain germanique se trouve en grande difficulté en cette année 1683 : la ville est assiégée par les soldats de l'Empire Ottoman.
Des soldats ont décidé de passer à l'action pour prendre la ville.
Ils creusent un souterrain pour pénétrer par surprise dans la cité.
Une cité où tout le monde dort sauf les boulangers en plein travail nocturne.
Ils entendent les bruits suspects de l'armée ennemie, donnent l'alerte et sauvent ainsi leur ville.
Une pâtisserie en forme de lune, comme sur le drapeau de la Turquie, sera alors fabriquée pour fêter l'évènement: le "Hörnchen" (petite corne en allemand) ancêtre du croissant...
Maman chérie, je vous laisse pour ce jour, car le travail m'attend...
Avec toute mon affection, votre fille Rosine.
J'espère que cette promenade dans mon siècle vous aura plu...
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